C’est un débat à couteaux tirés, d’un premier abord sérieux et technique avant de dériver dans un duel personnel, que nous a offert ce show d’avant vote, dans le cadre des élections à la Grande Chancellerie. Les deux candidats ont clairement établi les bases de leurs programmes respectifs, montrant une dualité non seulement politique mais également idéologique.
Björn Kellson, conformément à ce qu’il a été convenu suite au jet d’une pièce d’un Ryyk, a ouvert le débat répondant successivement aux questions posées par les sympathisants des partis du pays. Sören Jorgensen répondit donc à sa suite et c’est bien le candidat sortant qui ouvrit les hostilités en prenant pour cible un Kellson pédagogique, appliqué mais trop sage dans l’exercice. Le Grand Chancelier actuel choisit de nommer régulièrement le Premier Magistrat dans des préambules improvisés à chaque réponse, stigmatisant pèle mêle le terrorisme récent, la gouvernance de Fiälldyyk mise à mal par l’absence de ses alliés du NSB, et son manque de programme. Cependant la tactique employée ne fut pas exempt de quelques erreurs, emportés sans doute dans la fougue de ses charges virulentes, Jorgensen s’oublia en mélangeant les attributions du HCL (qui juge) et du HCS (qui enquête), reprochant à son adversaire de n’avoir pas abouti dans certaines procédures ouvertes, charge revenant pourtant à Olaf Limmson, l’ancien président de parti de ce même Jorgensen, et ne faisant que peu de distinguo entre une audition au HCS et un entretien préliminaire devant le HCL.
Kellson s’y mit aussitôt et dénonça une politique diplomatique trop frileuse, le Grand Chancelier se contentant de ne voyager qu’une fois dans son mandat, et ne signant que peu de traités, lesquels n’auraient rien apporté. Cette vision, si elle est exact dans les faits reste fragile sur le fond puisque le propre d’une alliance est d’opérer pour le futur et non pour le court terme. Même chose sur le conflit du Söryyk, généralité en rébellion. Si le secrétaire fédéral nommé par le Grand Chancelier a raté le coche, le HCL n’a pas pour autant persister dans sa volonté de punir les mutins, alors qu’un amendement pour ce faire avait été voté. Une attitude qui pourrait traduire un manque de poigne devant l’adversité. Jorgensen ne fut pas en reste, sur l’enseignement, reprochant à Kellson de mener une politique élitiste universitaire, ce qui était l’inverse des propos du président de l’ILU qui venait de proposer un enseignement spécifique accessible dès la petite enfance, Jorgensen faisant là preuve de mauvaise foi.
Et c’est bien là le premier soucis de ce genre de débat, l’impossibilité pour les protagonistes de s’écouter. On notera deux choses.
Tout d’abord une relative unité sur le sujet épineux des droits LGBT (Gays, liesbiennes, transgenre) pour lequel Kellson en Magistrat rappelle qu’il existe un arsenal et qu’il suffirait d’un amendement pour que toute atteinte aux droits de ces personnes soit considérée comme un délit ou un crime aggravé encourant dès lors la peine maximum prévue pour l’infraction. Jorgensen a peu ou prou défendu la même position. Concernant l’économie le bilan favorable et réformateur du Grand Chancelier a été salué à demi-mot par le Premier Magistrat, et – il semblerait qu’il y ait quiproquo sur l’avenir de cette proposition – un ticket Kellson avec Jorgensen aux deniers ne serait pas à exclure, ce qui en dit long sur l’unanimité des réformes engagées par Sören Jorgensen jusqu’ici clairement soutenu par l’ILU.
Autre point à retenir, désormais plus aucun candidat ne peut être considéré comme abordant ce virage sans programme, malgré quelques piques de Jorgensen, une mauvaise foi que tous les deux auront eu chacun à leur moment, tant les deux duellistes ont fait montre d’une pensée structurée. Deux personnalités distinctes, deux approches de la fédération très différente – Kellson ne cache pas ses sentiments con-fédéralistes, potentiellement très clivants – et deux approches de la gouvernance diamétralement opposées – Jorgensen ne considère pas devoir se démettre quand l’un de ses secrétaires majeurs faillit à sa mission. Les acteurs du Parlement Fédéral trancheront, offrant un verdict en forme de question de confiance au cabinet actuel.