Depuis son accession au plus haut rang de la Magistrature fédérale, Jørn Dohrmann avait soigneusement évité la couverture médiatique qu’affectionnaient tant ses prédécesseurs. Cependant, suite à un grave attentat ayant touché plusieurs élus du pays, et face à l’autoritarisme d’un Olaf Limmson – Premier Commissaire en charge des forces de police – de plus en plus arbitraire, il est apparu urgent à cet ancien économiste des think tank du centre droit identitaire à Fiälld, de sortir du bois. L’Økonomijgtãvegg se réjouit de ce tout premier entretien après 9 mois de mandature.

 

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Bonjour Herrt Dohrmann. Vous vous êtes fait rare dans les médias du pays. Fuyez vous le regard de vos concitoyens?

Je ne fuis aucun regard mais je n’aime pas qu’il se concentre sur ma personne. J’aspire à faire mon travail avec un certain recul, je ne cours pas les honneurs, et surtout après aucune élection d’envergure. Je suis très jaloux de me préserver d’un voyeurisme public que je trouve trop intrusif de nos jours.

 

Vous êtes un ancien second de votre prédécesseur, le regretté Bjorn Kellson disparu au début de l’année. Qu’est ce qui vous différencie de celui-ci, ne peut-on craindre que le Haut-Collège des Lois ne se renouvelle pas?

En effet je suis arrivé pour assurer la continuité. Ce pays est schizophrène. Sa généralité réputée la plus frondeuse, Fiälldyyk, fournit depuis une demie-douzaine d’années l’essentiel des magistrats de la fédération. Nous devons rendre justice et dire le droit, nous les plus farouches identitaires et promoteur d’un changement de régime. Mais c’est ainsi que fonctionne ce pays et jusqu’ici les Magistrats récents, avec leurs défauts, ont tenu à servir l’administration judiciaire avec honnêteté. Peut-être que ce fossé entre les aspirations théoriques et la pratique du devoir a permis à ces hommes de ne pas verser dans un fonctionnement idéologique béat. La lutte entre ces deux sentiments extrêmes a fait naître un comportement médian salutaire. Ma différence réside dans mon approche plus axée sur la médiation que la répression. Et comme je n’aspire pas à diriger ce pays, je me fiche assez royalement des pressions, ce qui n’était pas le cas de Bjorn Kellson dont j’ai regretté une fin de règne nerveuse et désordonnée.

 

Vous avez publiquement évoqué votre désir de ne pas vous éterniser à ce poste, qu’attendez vous de celui-ci, qu’est ce qui vous motive à continuer?

Je continue par devoir. Dès le procès Jorgensen-Belcyne terminé, je partirai. Mais tant que je sens le pays en proie à ses démons, je reste, pour faire rempart. Hors de question qu’une certaine incompétence de notre administration vienne favoriser un laisser aller qui nous coulerait tous définitivement.

 

Vos relations avec le Premier Commissaire Olaf Limmson se sont considérablement rafraîchies ces derniers mois, pensez vous que cela peut tenir encore longtemps?

Olaf Limmson a énormément fait pour ce pays, ne l’oublions jamais. Il assure un rôle ingrat, dans un pays traditionnellement violent et très remuant. Je suis admiratif de son courage et de son dévouement….Cela dit, il ne doit pas s’autoriser à planter des dossiers aussi cruciaux que celui de l’accusation contre Jorgensen et De Belcyne, cela ne doit pas l’exonérer de suivre les règles, et surtout cela ne lui permet pas de mener sa police comme une armée personnelle. J’ai dans les cartons de nos lois de quoi faire sauter la tête du Haut Commissariat à la Sûreté. Il existe des procédures de destitution… Olaf fut un ami de travail, il ne faudrait pas qu’il devienne suspect de trahison envers la Fédération de par ses agissements récents. Il doit se ressaisir. Je suis prêt à lui donner tous les moyens nécessaires. Il se perd, clairement.

 

Dans un recours contre un de vos jugements récents, le Premier Commissaire, à demi-mots, à sembler critiquer un certain parti pris de votre part, est-il dans le vrai?

Je suis agacé de devoir donner des leçons de droit à un homme qui a fortement concouru à les écrire et les voter. C’est quand même incroyable que l’Etat d’Urgence qui doit être décrétée, je suis le premier à le dire et le premier à le lui avoir dit, ne puisse l’être à cause d’erreurs graves des services de Limmson dans le formalisme imposé à tout vote, et toute action devant le Parlement. Au début j’excusais ce laxisme de Limmson. Puis je m’en suis agacé, nous nous sommes accrochés, maintenant je regarde cela avec une lassitude presque teinté d’ironie. Que dire… je ne peux faire son travail à sa place. S’il vient me voir pour me demander conseil, je serai toujours là, je suis prêt à lui préparer la feuille de route, mais non seulement il ne prend pas conseil, mais de plus se plaint quand ses boulettes lui reviennent au visage. A t-il seulement des lieutenants capables de lui dire « non »? Je suis déjà bien patient de ne jamais recevoir, ou presque, de rapports de ses services alors que la loi l’exige. Limmson est comptable devant moi des agissements des services de renseignement, des enquêtes en cours, de ses projets. A ce jour, j’ai du sans cesse organiser des réunions pour avoir vent de ses actes.

 

Contrairement à une période remontant maintenant à plusieurs années, votre statut de grand fonctionnaire ne vous épargne plus les sarcasmes d’une presse très critique. Ainsi Flash-Info vous a démoli peu avant l’été. Que voulez vous y répondre?

Ce fut saignant, mais j’ai beaucoup ri, c’était très bien écrit. Je n’ai pas un caractère de suiveur, j’ai un coté frondeur. Je ne peux qu’encourager les esprits qui ne se conforment pas à des canons ennuyants!