Un vote clôt dans le plus parfait anonymat vient de préciser une tendance de fond animant la politique du Grand Chancelier du Norduryyk. Les taux d’intérêt consentis par la Banque Fédérale Norduryyks lors de prêts viennent d’être établis et c’est peu dire que de déclarer qu’entre deux projets de sociétés, les parlementaires de la Fédération ont fait un choix déterminant.
Deux projets économiques s’affrontaient cette semaine dans un vote crucial et pourtant passé assez inaperçu par les médias et la classe politique en général. Il s’agissait de déterminer les taux d’usure pour un prêt accordé par la Banque du Norduryyk, la NørdBankkå, dans le cadre des prêts aux collectivités que sont les généralités et l’état fédéral, des prêts aux entreprises et des prêts aux particuliers. Deux projets ont vite émergé des débats, celui du cabinet Jorgensen soutenu par la Gauche sous l’étiquette du parti du Grand Chancelier le MØP et celui de son opposant, Björn Kellson, soutenu par la Droite sous l’étiquette de son parti: ILŲ. Un rapide coup d’œil sur les taux proposés renseignent sur le fossé existant entre ces deux projets:
Version [MØP] :
– Prêt aux collectivités: 2%
– Prêt aux particulier: 3%
– Prêt aux entreprises: 2.5%
Version [ILŲ] :
– Prêt aux collectivités: 5%
– Prêt aux particulier: 0.5%
– Prêt aux entreprises: 2%.
A partir d’une usure cumulée de 7.5 pts, le MØP proposait une version assez homogène avec un léger avantage pour l’investissement des collectivité et des entreprises. L’ILŲ tablait sur un investissement considérablement avantageux pour les ménages et les entreprises. La version MØP lors des débats se refusait à créer un déséquilibre alors que la version ILŲ considérait que les collectivités, très riches actuellement au Norduryyk, pouvait supporter une usure plus importante qu’un ménage, quand on sait le taux de chômage très important au Norduryyk et la précarité financière d’un quart de la population. La vision de l’ILŲ ne manqua d’être vu comme populiste et celle du MØP taxée de manquer de caractère. Derrière la sémantique se cache une réalité bien plus profonde, deux visions très différentes de la société. Le MØP et la Gauche ne cachent plus depuis un an leur volonté de supplanter l’autonomie des généralités pour renforcer le pouvoir central au Norduryyk. Les derniers débats, très houleux permettent de dresser un tableau contrasté.
D’un coté la droite identitaire, souvent de Fiälldyyk, désire jalousement conserver l’autonomie de chaque province et assurer aux gouverneurs une liberté de fonctionnement. Considérant la fédération comme trop centralisée, elle adopte une lecture littérale de la constitution, bien aidé en cela par la position de Björn Kellson au Haut Collège des Lois. La poussée des identitaires et des indépendantistes dans chaque généralité semblent servir de socle électoral aux idées des Fiälldyykers voulant conserver coûte que coûte la liberté de fonctionnement des palais des généralités. Mais c’est une droite dure qui avance et non une droite extrême, Kellson et Börggmenkt ayant purgé les rangs de leurs partis respectifs des éléments les plus radicaux pour proposer une politique plus axée sur l’humain et l’écologie, anéantissant par la même occasion le vieux modèle consistant à renvoyer les identitaires dans la mouvance de l’ultra-droite. L’ILŲ se considère comme d’une droite modérée et met l’accent sur l’individu qui doit s’accomplir. Le pragmatisme de la real-politik est préféré à une vision idéologique de la société. Le projet des taux d’intérêt insistait sur des paramètres reconnus, la richesse des institutions et la précarité des ménages. En cela, l’ILŲ brouille les cartes et se positionne comme un parti humaniste, alors que les identitaires avaient été parasités par une vielle garde – évincée depuis – homophobe et isolationniste. Avec un centre droit totalement délaissé par les partis traditionnels du Söryyk votant désormais systématiquement d’une seule voix pour la Gauche, L’ILŲ et le NSB ont investi le vide et créée une force politique occupant le spectre de la démocratie verte à l’ultra droite.
Cela explique le discours beaucoup plus ancré à Gauche qu’annoncé du cabinet Jorgensen. Celui ci a prit le parti de ne pas prendre parti et met sur un même pied d’égalité toutes les composantes de la société. Il serait difficile de ne pas voir là aussi la volonté de redresser l’économie par l’action des entités institutionnelles, les Généralités et sur l’état fédéral, au détriment de l’individu. Le schéma de l’état providence pointe et vient en support aux récentes attaques contre le Premier Magistrat Kellson, accusé d’être partisan à son poste de Premier Magistrat. En fait, Kellson, très légaliste se voit sans cesse opposer la légitimité parlementaire, mais la seule légitimité parlementaire fédérale. Le Parlement Fédéral entend prendre le contrôle tant des débats locaux, que de la gouvernance de l’état par ses hauts fonctionnaires. Ce qui a fait dire récemment au Premier Magistrat que derrière ces réformes, il transpirait de l’action de la Gauche et du Centre une dangereuse volonté de centraliser le pouvoir dans les seules mains du Parlement Fédéral, sous la coupe d’un cabinet omnipotent. Une forme de démocratie tronquée, dérivant vers ce que Kellson considère comme une République d’oligarques, alors que Jorgensen et ses alliés justifient ce déséquilibre par le fait qu’il faille contrebalancer les visées confédéralistes de Kellson. Or jusqu’ici l’opposant au Grand Chancelier n’a jamais passé le pas du séparatisme, c’est donc une guerre ouverte sur fond de délit d’intention, dont la stabilité du pays est la grande perdante puisqu’il est évident que le HCL n’est plus du tout respecté et que le HCS se garde bien par l’absentéisme récurrent de son Premier Commissaire, de l’aider à faire valoir son autorité.
Seul le temps pourra déterminer qui de la Gauche ou de la Droite aura eu raison, mais force est de constater que jamais la classe politique n’a été aussi divisée, et que depuis un an, jamais la population n’a été aussi inquiète pour l’unité du pays. Chacun se renvoyant la balle de la responsabilité de cet état de crise, une seule chose apparait de plus de plus évidente: La constitution actuelle ne contente plus personne, le temps du modèle fédéral est peut être révolu!