Tel des généraux menant leurs armées au front, cherchant à deviner et à anticiper les moindres gestes et volontés de l’adversaire, le Grand Chancelier Jorgensen et son adversaire juré Björn Kellson ne cessent, devant leurs alliés respectifs, de se jouer l’un de l’autre. Le retrait du Premier Magistrat sur ses terres semblait un temps donner raison au vainqueur des dernières élections fédérales. C’était manifestement sous estimer un potentiel inattendu du Fiälldyykers, le vice.

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Un Kellson tout sourire et affûté lors de la présentation de la sélection Norduryyks pour le festival du cinéma de Porto Claro

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Il aura fallu quinze jours avant que le couperet tombe, la démission de Björn Kellson du FederãlStaatýstikkInstituut le 14 décembre. Un départ que personne n’avait vu venir, mettant fin à 14 mois de direction de cet institut fédéral attaché aux statistiques et aux prévisions sociétales, économiques et politiques, organe majeur pour la préparation des projets législatifs fédéraux comme généraux. La lettre remise aux Secrétariat aux Deniers ne laissait rien paraître sinon une certaine lassitude d’un cumul des responsabilités. Prise indépendamment, cette décision n’est qu’anecdotique sauf qu’à bien y regarder, il semblerait que ce départ soit la conséquence d’une passe d’arme passée inaperçue pour le public Norduryyks et que ses conséquences soient on ne peut plus riche en vice et en bassesse. Kellson qui jusqu’ici avait refusé de dévier d’une certaine éthique, aurait décidé de battre le Chancelier sur son terrain, et l’avenir nous dira si ce simple courrier de retrait était ou non bien une lame plantée dans le dos de l’adversaire acharné qu’est le Grand Chancelier actuel. Décryptage du coup politique du jour en trois étapes.

Provoquer l’ennemi en toute innocence

Selon plusieurs sources concordantes il semblerait qu’un différent ait opposé les services financiers et le Haut Collège des Lois vers la mi-décembre. En cause le retard de paiement pour amende d’un ou plusieurs citoyens. Les textes de loi au Norduryyk sont étrangement muets sur le délai de paiement de ces amendes. Si la loi prévoit la sanction elle ne traite pas de ses modalités d’exécution. Pour le HCL, il revient aux Deniers, dépositaires des comptes des citoyens et de l’État de gérer ses créances. Approché pour juger d’un cas de retard flagrant, le HCL en l’absence de dispositions légales s’est refusé à trancher. Que nous dit la loi, sinon qu’un refus de paiement contrevient à l’obligation de sanction. Mais le silence du débiteur vaut il refus, mérite t-il sanction? Le HCL est habilité à juger discrétionnairement de l’existence d’une pratique coutumière, en l’espèce les Deniers impose souvent un délai d’un mois pour régulariser le paiement. Or une fois le délai dépassé, les Deniers n’ont jamais été confronté à cela, que se passe t-il? Le HCL pourrait discrétionnairement juger que le délai d’un mois est une coutume ayant force de loi et sanctionner le dépassement de ce délai, par refus express ou par silence. Le HCL, une fois le jugement rendu, aurait dès lors proposé d’amender la loi pour la mettre en conformité, passant ainsi devant le filtre politique du Parlement Fédéral.

Le HCL a visiblement refusé, pour une fois, de se servir de son pouvoir discrétionnaire puisqu’aucun jugement n’a été édicté depuis. Dès lors c’est aux Deniers d’agir en portant plainte, ou en continuant de se débrouiller avec les mauvais payeurs, comme d’infliger une majoration dissuasive en cas de non-paiement dans les temps. C’est l’option choisit par Kellson dans le cadre de sa direction du FederãlStaatýstikkInstituut. Une décision prise d’ailleurs peu de temps avant son départ de l’organisme. Pour l’instant rien de filtre des Deniers qui ont récupéré le dossier, sans porter officiellement de plainte. Tout porte à croire que la qualité des débiteurs en question serait sensible. Certains noms circulent, et parmi les derniers condamnés à des amendes se trouve celui d’Ugo de Belcyne, un allié important de Jorgensen. Ce qui expliquerait une provocation du HCL qui, sous couvert de vouloir faire les choses dans les règles pour assurer ses arrières – certaines propositions de législation relatives à des jugements en droit coutumier n’ont pas été suivies par le Parlement Fédéral – aurait surtout trouvé là l’occasion d’obliger les Deniers à prendre une position politiquement pénible, faisant d’une pierre deux coups. L’absence de tout acte des Deniers serait vu comme une attitude dolosive pour les finances de l’État, et les Deniers sont personnellement gérés par le Grand-Chancelier lui même.

Laisser croire au repli pour se donner du temps

Est-ce la conséquence directe de ce regain de tension entre la justice Norduryyks et les Finances? Les Deniers qui assurent la tutelle non contraignante du FederãlStaatýstikkInstituut ont ils exigé la tête de son directeur par ailleurs Premier Magistrat du pays? Le Grand Chancelier est trop fin tacticien pour ne pas tomber dans le piège qui l’aurait vite marqué du sceau de l’autoritarisme, un vilain défaut aux yeux des citoyens Norduryyks. C’est donc une initiative de Björn Kellson, lui même, souhaitant se délester d’une charge prenante, mais une initiative loin d’être anodine.

En quittant le FederãlStaatýstikkInstituut Kellson laisse soin aux Deniers de percevoir les derniers paiements dus à l’institut. Or Kellson avant de partir avait posé les conditions de ces paiements, à savoir un mois de délai assorti en cas de dépassement d’une majoration conséquente et reconductible à chaque cycle de retard. En obligeant les Deniers à respecter ce contrat, puisqu’ils sont désormais les premiers responsables du FederãlStaatýstikkInstituut, les Deniers se trouvent en porte à faux avec leur propre politique de gestion consistant à ne rien pénaliser. Pour l’instant.

Frapper au cœur un ennemi endormi

Le Haut Collège des Lois serait désormais en capacité de condamner durement les Deniers pour la non application de ces dispositions qui valent pour un institut fédéral. Soit les Deniers appliquent désormais une majoration pour tout non paiement et donc condamnent sur cette base leurs alliés mauvais payeurs, soit ils se retiennent et seront coupables d’une faute de leurs services, laquelle engagent de fortes amendes selon le code administratif. Or les Deniers étant un service fédéral, une amende leur coûterait de payer sur le dos de la trésorerie fédérale. Ce qui serait une infamie pour le cabinet Jorgensen, deviendrait vite un vrai danger personnel pour le Grand Chancelier car le Haut Collège des Lois ne se priverait dès lors pas de poser la question que tout le monde serait en droit de se poser:

Pourquoi les Deniers se retiennent d’agir contre les retards de paiement de certains citoyens? Un corbeau, quelque part, rit doucement…

Epilogue

Et pendant qu’inexorablement le temps s’égrène, le Premier Magistrat fait un battage médiatique sans pareil dans sa généralité, désireux d’équiper Police Générale et Supplétive d’uniformes martiaux flambant neufs afin de pouvoir parader. Il faut dire que la Généralité peut enorgueillir d’être pour l’exercice Budgétaire en cours la plus saine financièrement avec quelques 97 millions de Ryyk de bénéfices nets qu’utiliseront sans doute l’ILU et le NSB en vue de doper économiquement leurs terres. De là à penser que les identitaires et indépendantistes Fiälldyykers préparent leur cavalier seul en faisant fi du courroux fédéral, il n’y a qu’un pas que nous saurons vite s’il mérite d’être franchi. Car de toutes ces manœuvres, la grande perdante est assurément l’unité des services fédéraux, et la Fédération elle même !