Nommé Conseiller aux Lois Générales à Fiälldyyk dans le cabinet d’union des droites de Byrgitt Börggmenkt, Björn Kellson rentre donc au Haut Collège des Lois en tant que juge de plein droit, un mois après son départ de cette même institution en tant qu’Agent Fédéral. Libéré de toute sujétion, seul juge de cette haute cour dans l’attente des élections de Havvyyk et du Söryyk, il devient automatiquement le nouveau Premier Magistrat du pays et endosse donc le costume du second homme en terme de pouvoir dans la hiérarchie fédérale, et en l’absence de Grand Chancelier, comme c’est le cas depuis quelques mois, devient le personnage numéro un du pays. Résolu à réformer le pays et apurer les institutions des erreurs du passées, fermement attaché à pérenniser son action passée dans la lutte anti-terroriste, le voici en position d’imposer ses vues, et pour un temps, sans opposition au sein du Haut Collège des Lois. Mathias Kråggen, Ugo de Belcyne, l’Assemblée Générale du Söryyk, la criminalité comme la délinquance des minorités, ses ambitions fédérales, interview avec l’un des hommes forts de la fédération Norduryyks.
1) Vous voici désormais Premier Magistrat du Haut Collège des Lois, considérez vous que vous êtes dans une position dominante vis à vis de la classe politique, certains craignent de votre part une mainmise sur leur liberté d’action en tant qu’élus et représentants, voire en tant que présidents de partis ?
Ma seule position « dominante » est de pouvoir enfin faire appliquer, en tant que juge de plein droit et non en tant qu’Agent Fédéral inféodé à l’exécutif et nommé par les élus, la loi concernant la représentation politique. Il est évident que le pays souffre depuis un an d’un déficit de légitimité de ses élus. Les postes vacants, nombreux, ont obligé certains représentants à conserver leur mandat bien au delà du délai légal, et cela a peut être encouragé une certaine inertie. Les caciques de certains partis se comportent en seigneurs de baronnies et ne créent plus. Or l’essence même de la politique est de créer. Créer pour subvenir aux besoins des citoyens, pour les prévenir. A l’heure actuelle, nous sommes très en retard sur l’évolution de la société, les gens souffrent d’un chômage endémique, des réformes avortées, des débats qui n’en finissent pas. S’il faut punir ceux qui prônent l’immobilisme alors que nous avons des lois obligeant chaque parlementaire à tenir un rythme minimum d’activité législative, alors nous punirons. Le Haut Collège des Lois le punira. Pas moi, pas ma petite personne, mais l’institution fédérale, la Haute Cour Norduryyks, qui a été créée à dessein, pour protéger les citoyens et la fédération, pour maintenir un certain ordre. Je ne fais pas l’ordre, je le sers, en l’appliquant stricto sensu, voire en l’adaptant selon les évolutions en cours. Je dois être réactif, actif tout au plus, mais j’estime que le juge pro-actif, peut s’égarer et outrepasser son rôle. Je ne suis pas un législateur, je suis son bras. Je reste donc respectueux de ma place qui n’est pas d’être au dessus de la classe politique.
2) Dégagé de la tutelle fédérale du Secrétaire Fédéral aux Généralités, Mathias Kråggen, allez vous envisager une instruction plus poussée dans l’affaire de l’enlèvement d’Ugo de Belcyne, peut on s’attendre à une garde à vue, une mise en examen?
Mathias Kråggen, au delà de nos différents politiques, ne m’a jamais rien imposé et il n’a pas été l’objet d’une action judiciaire car l’enquête menée par le Haut Commissariat à la Sûreté écartait toute responsabilité de sa part. En fonction de l’évolution des investigations, je serai peut être amené à l’entendre comme témoin, mais autant que je sache, il n’est accusé de rien et soupçonné de rien. Tout dépendra des rapports que me fournira le Premier Commissaire du HCS, Herrt Limmson.
3) Ugo de Belcyne devrait revenir sous peu dans l’arène politique, craignez vous le retour de cet ancien grand Premier Magistrat aux affaires, craignez vous pour votre poste?
Je ne suis pas naïf, l’opposition permanente de la gauche Havvyykers, qui vient de retrouver des forces électorales, n’est du qu’aux circonstances miraculeuses du retour d’Ugo de Belcyne et de Sören Jorgensen. Je pense bien qu’une fois leurs élections générales terminées, le prochain Conseiller aux Lois Générales de Havvyyk me mènera la vie dure à commencer pour le poste de Premier Magistrat. Non pas parce que je serai mauvais ou incompétent, mais juste par pure volonté de nuire à un des leaders de l’opposition. Ce n’est qu’un vulgaire calcul politique or dans l’exercice de mes fonctions judiciaires, je fuis autant que possible la politisation du poste.
Seulement, j’espère faire entendre raison à celui qui viendra siéger avec moi au Haut Collège des Lois, et si c’est Ugo de Belcyne, j’ai moins de crainte que s’il s’agissait de Sören Jorgensen, dans l’immédiat. J’ai eu le loisir de lire et d’apprécier le travail de mon prédécesseur à la Magistrature Première, et j’y ai vu de la rigueur, de l’honnêteté, des décisions justes même si les motivations traduisaient parfois un certain regard sur la société, mais après tout nous jugeons en tant qu’humain avec nos convictions profondes, notre morale propre. Je pense qu’Ugo de Belcyne, s’il s’est remis de sa détention et s’il n’en garde pas quelques traumatismes tenaces, ce qui pourrait nuire à sa clairvoyance dans le suivi de certaines enquêtes, ferait un très bon juge. Pour ce qui est du poste de Premier Magistrat, à moi de prouver que j’ai les épaules pour.
4) Certaines généralités ont la tentation de légiférer en faveur de projets ségrégationnistes. L’institut des Statistiques dont vous assurez la direction scientifique a reçu plusieurs commandes pour des rapports touchant à l’immigration, la jeunesse, la pauvreté. Doit on y voir une lutte des classes, ou des races, larvée?
Je n’ai pas vu de racisme dans les rapports, juste la traduction de ce qu’est devenu le Norduryyk. Un pays divisé entre de nombreuses communautés et abîmé par un chômage endémique. Je ne pense pas que le Haut Collège des Lois accepterait une commande basée sur une volonté de discrimination. La commande serait condamnée et donc caduque. Après ce qu’en font les Généralités ne regardent qu’elles. Mon poste de directeur de l’Institut a permis de relancer cet organe, j’assure le suivi et la publication scientifique. Mon pouvoir s’arrête à la vérité des chiffres et à la porte de l’Institut. Je ne fournis que des outils, pas leur interprétation.
5) Quels sont désormais vos ambitions et vos projets. La Grande Chancellerie se profile t-elle?
En tant que Premier Magistrat, je compte assainir les Assemblées Générales et m’assurer de la relance de l’initiative législative. Ces derniers temps les partis ont été beaucoup plus actifs et il est de mon rôle de veiller à ce que ça dure. C’est à dire que je vais être plus attentif à l’application de la LoRP. J’espère tenir des Assises judiciaires que je vais pérenniser et structurer dans le calendrier. La lutte anti-terroriste continuera même si les forces en présence ont été considérablement amoindries et c’est surtout vers les dossiers en cours que je vais me tourner car le HCS a besoin d’être parfois aidé pour trouver la pièce manquante d’un puzzle. Nous ne devrions pas instruire un dossier sur six mois mais sur trois. Il faut redonner de l’allant à l’action judiciaire, tout comme densifier les techniques préventives, améliorer la surveillance aux frontières, mieux quadriller le territoire.
La Chancellerie … elle…. Elle ne m’intéresse pas, ni à court terme, ni à moyen terme. Ce poste est trop problématique et je n’ai jamais caché que j’étais plus attaché à un modèle Confédéral que Fédéral. Je ne me sentirai pas à ma place.